mardi 9 juillet 2013

Il Palazzo Enciclopedico : Biennale de Venise 2013…


A l'image de la superbe installation d'Alfredo Jaar, Venezia, Venezia, où les Giardini sont subitement engloutis par la lagune, la 55ième biennale d'art de la Sérénissime s'est laissée engluer dans ce thème à la fois séducteur et réducteur : le Palais Encyclopédique. Ce terme fut celui utilisé par l'artiste italo-américain Marino Auriti en 1955 pour définir son projet : un musée regroupant l'ensemble des connaissances mondiales, toutes les grandes découvertes de la race humaine. Ce musée devait selon ses souhaits se situer à Washington D.C, mesurer 700 mètres de haut et couvrir pas moins de 16 blocks. Il resta bien entendu au stade de maquette d'étude. A la fois alléchant car donnant la possibilité d'embrasser le monde entier, ce thème se révèle malheureusement en grande partie l'occasion de collections et accumulations donnant l'impression que la montagne a accouché d'une souris. Qui peut prétendre rassembler le monde en un point ?
Les Lions d'or du meilleur artiste et du meilleur pavillon se sont eux plus ou moins affranchis du thème. Le Lion d'or du meilleur artiste revient à Tino Sehgal pour une performance où des protagonistes d'âge divers interprètent une chorégraphie que l'on peut imaginer liée à la transmission du savoir… d'une façon particulièrement opaque pour le spectateur… 
Le lion d'or du meilleur pavillon est décerné à l'Angola représenté par l'artiste Edson Chagas, pour une installation relativement pauvre plastiquement mais riche de sens : des blocs de photographies imprimées sur du papier quelconque sont vissés sur des palettes, le spectateur peut en emporter un exemplaire de chaque pile, ces piles sont installées à l'intérieur du Palazzo Cini où elles côtoient de précieux tableaux de Botticcelli et autres maîtres italiens, peintures pour la plupart religieuses et  rehaussées de feuilles d'or, le débat s'oriente plus sur le statut et la facture de l'oeuvre d'art que sur le savoir encyclopédique.
La révélation de cette édition c'est le Lion d'argent : la française Camille Henrot et sa vidéo Grosse fatigue ou l'histoire du monde narrée en 13 minutes depuis le bureau de son ordinateur avec une succession de fenêtres qui s'ouvrent et se ferment créant une nouvelle façon d'associer des images statiques et des scènes filmées. Une oeuvre rythmée, incisive, poétique et terriblement contemporaine qui réussit à coller parfaitement au thème.


Alfredo Jaar Venezia, Venezia
Photographies réalisée par Géraldine Briquet.

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