vendredi 19 avril 2013

Couple under an umbrella…


Jusqu'au 29 septembre 2013, la Fondation Cartier invite l'artiste australien Ron Mueck et ses troublantes sculptures à investir la totalité de son espace. Les images circulent et on a déjà l'impression de connaître le catalogue d'exposition par coeur. Et pourtant dès la porte franchie, les oeuvres qui se dévoilaient déjà derrière les murs de verre de la Fondation renversent le spectateur. La première, Couple under an umbrella que l'on détaille depuis le boulevard aimante quiconque s'en approche. Un homme et sa femme, la soixantaine, en maillot de bain sous un parasol, banale scène de plage, mais tout y est, les rides des plus profondes aux plus infimes, la barbe de 3 jours, les varices courant le long des mollets, la corne sous les pieds, l'annulaire gonflé par le soleil et une alliance devenue trop petite avec l'âge. Et ce qui pourrait paraitre écoeurant de précision dégage en fait un profond sentiment de tendresse vis à vis de l'affection que se portent les deux protagonistes.
Car le plus impressionnant dans les oeuvres de Ron Mueck, ce n'est pas ce souci du détail, cette perfection du rendu des chairs, c'est la présence des personnages. L'immobilisme des corps semble être l'effet d'une apnée passagère, dans leur attitude se dessine une action à venir, les deux adolescents de Young couple vont-il s'embrasser, chuchoter, se séparer, se blottir l'un contre l'autre ?
Deux axes se distinguent, d'un côté, les personnages extraits d'un quotidien, dont on peut croiser le regard de certains, terriblement proche de nous. Et des êtres presque oniriques, sortis d'un conte, telle Woman with sticks une femme portant une brassée de branches beaucoup trop grandes pour elle ou Man in boat, cet homme pâle et inquiet assis dans une embarcation démesurée. Leur posture étrange les fige d'autant plus qu'elle les éloigne d'une série de mouvements quotidiens que le spectateur pourrait mentalement reconstituer.
Et pour finir, Still life, cette nature morte géante d'un poulet plumé, animal dans lequel l'artiste avoue percevoir quelque chose d'humain. Et pourtant ici le charme n'opère pas, ou moins, serait-ce dû au fait que cette posture et l'absence de plume nous garantit une chose : l'animal est bel et bien mort, n'en attendez plus rien.

Ci-après, deux extraits de la vidéo de Gautier Deblonde projetée à la fin de l'exposition, making of de l'installation et portrait de l'artiste au travail dans son atelier londonien.





fondation.cartier.com

Photo : Géraldine Briquet.

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