mardi 25 mars 2014

Il me faut tout oublier…

Après le magistral Creeplewood, littéralement "Bois estropié"présenté à la 55e biennale de Venise, l'artiste belge Berlinde De Bruyckere investit la Maison Rouge en tant qu'artiste mais aussi commissaire d'exposition. En effet c'est elle qui a sélectionné les oeuvres du peintre décédé Philippe Vandenberg qui dialoguent de salle en salle avec les siennes, anciennes ou plus récentes. Une confrontation après l'autre et la violence des peintures de Vandenberg répond à la douce tristesse des installations de De Bruyckere. Tout commence par l'affrontement des géants : Kill them all, grands formats crayonnés au poing de phrases telles que "Tuons le chien aujourd'hui et pas de main morte"ou "Kill all of them and we shall dance" donne la réplique à After Creeplewood. Sous les néons du plafond mis à nu, le grand blessé exposé à Venise semble avoir été disséqué, n'en restent que quelques morceaux encastrés sur des armatures métalliques, entre la table de dissection et les restes broyés d'un arbre arraché par une rivière en crue. Creeplewood appelait à la compassion, pour After Creeplewood il est trop tard, la lumière crue révèle la chair grise, putréfiée, la bête est morte. Salle suivante, il est question de massacre, en cours sur les toiles au mur, passé pour Actaeon III, accumulation de bois de rennes et de bandages évoquant un traineau inuit après la chasse. Mais la lumière se fait plus douce, le bois devient chair congelée, ne reste que ce moment flottant après la curée. La suite confirme le processus, le face à face entre deux artistes comme deux sociétés archaïques chasseresses.


Images 1 et 2 : au mur, Kill them all, Philippe Vandenberg, 2005-2008.
Au sol : After Creeplewood, Berlinde de Bruyckere, 2013.
© Marc Domage, 2014



Au mur : D'après l'ennemi intérieur, Philippe Vandenberg, 2003.
Au sol : Actaeon III, Berlinde De Bruyckere, 2012.© Marc Domage, 2014


"Le choix que j’ai fait est intuitif. L'enchaînement des séries fonctionne comme une « vaste » narration, au fil de laquelle il devient clair qu'il y a peu de différences dans les cruautés perpétrées par les hommes." Berlinde De Bruyckere

Il me faut tout oublier, jusqu'au 11 mai 2014.

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