jeudi 29 novembre 2012

360 millions d'années vous contemplent…


Sur les grilles de l'école botanique du Jardin des Plantes, une nouvelle collaboration entre le Muséum et le photographe Jacques Vekemans attire l'attention des promeneurs. Dans le cadre du projet "les coulisses du Muséum" qui vise à faire connaître au grand public les métiers regroupés au sein de la vénérable institution, c'est au tour des paléontologues d'être à l'honneur.
La série de photographies se divise en trois parties, deux sites de fouilles tout d'abord, puis une présentation des différents métiers gravitant autour de la recherche paléontologique.

Premier site, Strud en Belgique, découvert en 1880 par un paléontologue belge, qui en extrait plusieurs fossiles dont un qu'il apparente à une mandibule de poisson. Un site de grès en bordure de route qui est de nouveau exploité à partir de 2005 par Gaël Clément, paléontologue au Muséum. Il y découvre pour sa part les plus anciens vertébrés terrestres, des poissons cuirassés, des crustacés mais surtout Strudiella, le plus vieil insecte fossile au monde, datant de 360 millions d'année avant notre ère ! Deuxième site, Angeac en Charente, où Ronan Allain va mettre à jour sur l'équivalent de la surface d'un terrain de basket près de 2000 os de dinosaures, appartenant à l'espèce des ornithomimosaures, dinosaures carnivores imitant l'oiseau il y a 130 millions d'années.

Au delà de l'expérience du terrain, des visages souriant des chercheurs et des étudiants après leur journée passée dans leur "nid" de grès ou sable à scruter la moindre irrégularité de la matière extraite, au delà du site froid, minéral, boueux de Strud ou du sable argileux envahi par les eaux d'Angeac, la photographie emporte l'oeil ailleurs. La brillance des outils sur le mat de la pierre, cette forme qui ressemble à s'y méprendre à une empreinte végétale qui se révèle être l'écaille d'un poisson, la qualité et l'échelle du cliché révèle au profane la beauté et la complexité de la découverte. Malgré l'évolution des techniques, la pratique sur le terrain reste la même, la fouille est minutieuse, délicate, méthodique, et l'attention à son maximum. Strudiella arrachée à sa gangue de grès ne mesure que 8 mm de long. L'os se révèle plus fragile que la pierre, la séparation des différentes couches minérales peut à tout instant le fracturer, les pièces sont ainsi la plupart du temps prélevées avec leur enveloppe de terre, elles ne sont réellement mises à jour qu'après de patientes manipulations une fois arrivées au Muséum.

Entre alors en action tout un ballet de corps de métiers (3e partie de l'exposition) pour mouler le fossile afin d'en expédier des répliques à d'autres scientifiques, le sonder grâce à de nouveaux scanners et repérer jusqu'à son oreille interne qui donnera des indications sur son mode de vie, dessiner à partir du fossile le corps complet de l'animal…

La balade photographique se clôt sur un nouveau pensionnaire de la galerie de paléontologie, le squelette complet à 90% d'un achéocète, vieux de 38 millions d'années, découvert en 1977 par Christian de Muizon, directeur du département d'histoire de la terre au Muséum. Le cétacé prisonnier de sa gangue de calcaire aura passé 29 ans dans les réserves du Muséum avant 2006 et les deux années de travaux nécessaires à sa préparation pour sa première présentation au public à l'occasion de l'exposition "Incroyables cétacés" en 2008. Une dernière facette spectaculaire de la mise en lumière de cette profession !

http://www.mnhn.fr/
http://jacquesvekemans.com/

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